Pourquoi la sculpture n’est pas ennuyeuse ? Pour une histoire des techniques et pratiques de la sculpture à l’époque industrielle (1850-1914), basée sur l’étude d’après le modèle 3D

Dans son salon de 1846, Charles Baudelaire publiait un texte resté célèbre, Pourquoi la sculpture est ennuyeuse, pointant le désintérêt du public pour la sculpture, médium resté trop classique dans la première moitié du 19e siècle. Or, dès les années 1850-1860, stimulée par les révolutions industrielles, la sculpture connaît une mutation profonde, tant dans ses procédés que dans ses pratiques. Les ateliers de praticiens se spécialisent; les fonderies deviennent de véritables industries où la mécanisation et la division du travail sont appliquées; les ateliers se diversifient et accueillent les ouvriers spécialisés; ils s’ouvrent également aux femmes - certaines d’entre elles, comme Camille Claudel modifieront durablement les codes d’expression; d’autres, comme Hélène Bertaux, les institutions.

Les pratiques historiques de la sculpture s’en trouvent profondément modifiées. La statuaire publique fournit d’importants contrats ; l’industrialisation des fonderies permet de générer de grands projets tandis que l’essor de la « petite statuaire » entraine une diffusion de la sculpture par des réductions, éditions ou contremoulages, dans une gamme de matériaux - biscuits, grès, plâtres peints… - qui popularisent l’image sculptée et l’introduisent dans la sphère de la classe moyenne. Pour conséquence, le métier de sculpteur se transforme. Parallèlement, l’industrialisation du métier nourrit le fantasme de l’invention d’une « machine à sculpter ». Ces profondes mutations ont laissé leur empreinte dans la matière. 

L’objectif de ce projet ARC est l’étude technologique, tout au long de la chaine opératoire, des mutations des pratiques de la sculpture à l’époque industrielle (1850-1914), à travers trois lignes directrices : l’évolution du métier de sculpteur ; l’industrialisation des procédés de la sculpture, y compris sa mécanisation ; et enfin, les mutations des pratiques d’atelier, y compris la question du genre. 


Coordinateur : Sébastien Clerbois, CReA-Patrimoine, Faculté de Philosophie et Sciences sociales - PANORAMA
Partenaires : Olivier Debeir, LISA, Ecole Polytechnique de Bxl – PANORAMA ; Denis Derycke et David Lo Buglio - Alice, Faculté Architecture - PANORAMA ; Denis Laoureux - CReA-Patrimoine, Faculté de Philosophie et Sciences sociales.


 
Dates
Créé le 3 septembre 2020